Ils sont sept entrepreneurs français. Ils évoluent dans des secteurs différents. Mais ils ont un point commun : s'être essayés au rêve américain.

Jérôme Lecat, CEO, Scality

 

Décideurs. Votre entreprise grandit jour après jour. Quel est votre secret pour garder l’agilité d’une start-up dans une entreprise qui réunit aujourd’hui près de 200 salariés ?

Jérôme Lecat. J’en révélerai deux. J’ai mis en place depuis deux ans une visioconférence hebdomadaire de trente minutes réunissant l’ensemble des collaborateurs. J’y raconte l’actualité de la semaine et les salariés peuvent poser des questions sans filtre. C’est un outil très puissant en matière de cohésion de groupe. Deuxième secret, mon CTO et moi-même gardons 30 % de notre temps pour prendre en charge directement une fonction productive. Cela donne de l’agilité supplémentaire.

 

Vos ambitions pour les prochaines années ?

Être une licorne et devenir une entreprise globale.

 

 

Martin Fornage, co-founder, Enphase

 

Décideurs. Quels conseils donneriez-vous aux Français s’installant dans la Bay ?

Martin Fornage. Je leur conseillerai de tout faire de manière très professionnelle. Qu’ils fondent leur start-up, qu’ils construisent leur réseau et qu’ils essayent de s’adapter au milieu local. Je leur dirai aussi de ne pas se décourager dans la difficulté car des échecs on apprend également.

 

Un entrepreneur local qui vous inspire ?

Oui, Donald Green. Il a développé toute l’industrie des télécoms ici à Petaluma. Il a participé à la création de centaines d’emplois.

 

Une citation qui vous tient à cœur ?

« La perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer » (Saint-Exupéry).

 

 

Philippe Kahn, P-DG, Fullpower Technologies

 

Décideurs. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de vos débuts professionnels dans la Bay ?

Philippe Kahn. Je suis arrivé avec un visa touriste, 2 500 dollars et le rêve de faire partie un jour des mythes de la Silicon Valley. Mon premier job consistait à fabriquer des câbles d'imprimante dans un magasin d'informatique. C’était dur, répétitif, mais la qualité de mes câbles m’a permis d'embaucher deux personnes et de former ma première microentreprise. J’en ai créé une seconde et j’ai trouvé des contrats de programmation. En un an, nous avions embauché 25 employés ! Tout cela, sans capital, investisseurs ou VCs. Cela nous a donné une indépendance financière et technologique qui s’est avérée capitale. Trois ans plus tard, nous avons fait notre IPO. Et à partir de là, tout est devenu plus facile.

 

 

Daniel Amzallag, CEO, Ivalua

 

Décideurs. Avant votre arrivée aux États-Unis, Ivalua n’était présent qu’en France. Pourquoi écrire ce nouveau chapitre ici ?

Daniel Amzallag. On voulait grandir à l’international. Nous aurions pu commencer par l’Europe, mais nous avons estimé que ce serait tout aussi difficile que de s’implanter aux États-Unis. Nous étions en 2011, c’était encore la crise. Nous avons passé plus d’un an à essuyer les refus des prospects.

 

Et pourtant, aujourd’hui, vous avez séduit de prestigieux clients. Comment les avez-vous conquis ?

Une de nos clientes françaises était particulièrement satisfaite de notre produit. Nous l’avons donc emmenée avec nous pour qu’elle partage son expérience. Ce fut un véritable succès puisque nous avons remporté les huit appels d’offres auxquels nous étions en train de répondre.

 

 

Samir Addamine, founder, Followanalytics

 

Décideurs. Qu’est-ce qui vous a manqué en France pour lancer Followanalytics ?

Samir Addamine. Il est difficile de dominer le monde à partir de la France. Plus sérieusement, ce n’est pas possible de réussir dans le software sans passer par ici. On trouve un écosystème bien plus conséquent. Même si BPIFrance effectue un travail intéressant en matière de financement, les possibilités sont insuffisantes en France. Il en va de même concernant les partenariats technologiques, tous les « grands » sont dans la Silicon Valley. Et puis il y a la taille du marché qui s’avère bien plus importante aux États-Unis.

 

Un conseil à donner ?

Ce n’est pas l’eldorado ici. Contrairement à une idée trop répandue, ce n’est pas aussi simple que cela. Je conseillerai de valider l’intérêt de son projet d’entreprise en participant à un concours et de se confronter à l’écosystème.

 

 


 

Thomas Agaraté, founder, Slick

 

Décideurs. Pourquoi vous lancer à San Francisco et pas en France ?

T. A. J’ai commencé en France, mais j’ai vite compris que ce n’était pas là que je pouvais réaliser ma passion. Il n’y a pas de marché pour mon produit. Alors qu’aux États-Unis, oui. Et c’est à San Francisco que tous les médias importants se trouvent : c’est là que je peux bénéficier des meilleures retombées et donc attirer des investisseurs.

 

La communauté française vous a-t-elle aidé ?

Oui, je suis accompagné par un entrepreneur exceptionnel : Samir Addamine.  Il prend du temps très régulièrement pour moi pour m’aider, me présenter des contacts…

 

Décideurs. Où vous retrouve-t-on dans cinq ans ?

T. A. À la retraite (rires) ! Plus sérieusement, j’aimerais à mon tour pouvoir aider des jeunes à se lancer dans leur projet.

 

 

Bertrand Schmitt, CEO, App Annie

 

Décideurs. À quoi ressemble votre vie d’entrepreneur français au sein de la Silicon Valley ?

Bertrand Schmitt. Ma journée démarre à 7h et se termine vers minuit. Je voyage beaucoup – environ 25 % de mon temps – aux États-Unis, en Europe et en Asie. Je consacre également un quart de mon agenda à nos clients. Enfin, le reste de mon planning est dévolu au fonctionnement d’App Annie. Tout cela s’inscrit dans un contexte mondial : l’entreprise évolue sur plusieurs fuseaux horaires et je m’organise donc en conséquence.

 

Quel est le secret de votre réussite ?

Je suis diplômé d’un MBA et d’une école d’ingénieur. Cela m’aide à avoir une vision assez large. Je citerai également mes expériences internationales qui m’ont permis de sortir de mes zones de confort et d’évoluer favorablement.

 

 

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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