C’est la proportion de revenus perdue par l’État Islamique en seulement deux ans. L’avancée des troupes irakiennes sur le sol du califat auto-proclamé en est la principale raison.

Le souvenir de l’apogée économique et politique de 2015 s’estompe au rythme des défaites locales pour l’État Islamique. Les pertes de terrain qui en résultent ont eu un effet dévastateur sur les finances du groupe terroriste. Le revenu mensuel évalué à quatre-vingt-un millions d’euros en 2015 n’est plus que de seize millions aujourd’hui, soit un effondrement de 80 %. La recrudescence des offensives irakiennes, soutenues par la communauté internationale, a abouti, sur la même période, à une perte de 60 % de leur territoire, dont 40 % depuis début 2017 uniquement.

Glissement vers un territoire déconnecté

Avec les taxes et le pétrole regroupant 93 % de leurs recettes (respectivement 50 % et 43 %), l’affaiblissement économique de l’État Islamique résulte avant tout de pertes territoriales, via la baisse des revenus fiscaux due à l’affaiblissement de la population et la destruction d’exploitations pétrolières par les frappes aériennes internationales. Les coupes salariales chez les combattants, la hausse du prix de l’électricité et l’introduction de taxes agraires illustrent l’effort de financement réalisé par le califat. Mais la hausse des taxes n’est pas une solution pérenne, et Daech tente maintenant de se constituer des réserves, afin d’opérer une mutation politique d’un système ultra-bureaucratisé et centralisé à une réelle économie de guerre, plus déconnectée. Selon Columb Strack, de l’IHS Markit, la reprise complète des territoires syriens et irakiens, escomptée pour 2018, ne se traduira pas par la fin de Daech, qui se réfugiera dans des régions isolées. Le groupe terroriste comptera alors sur une mobilisation djihadiste internationale. Le risque terroriste est donc loin d’être annihilé.

 

A.R.

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