À seulement trente-trois ans Adrien Couret est en charge de la stratégie du groupe Macif. Cela lui laisse du temps pour accompagner la société d’assurance mutuelle dans une ère digitale nouvelle semée d’embuches et d’opportunités. « L’assureur préféré des Français » devra faire preuve d’agilité s'il veut garder la confiance de ses sociétaires.

Décideurs. En quoi consiste votre nouveau plan stratégique 2016-2020 #macifutur ?

Adrien Couret. L’objectif de notre plan #macifutur est de renforcer notre position d’assureur préféré des Français, régulièrement établie par des enquêtes de marché. Cela passe par une exigence et un investissement renforcés sur l’expérience client Macif : par la technologie avec la fluidité d’opération permise par le digital ; par le service avec le développement de démarches d’accompagnement sur la conduite automobile, la protection de ses biens, celle de ses proches ; et enfin par le maintien d’une dimension humaine différenciante dans un groupe mutualiste comme le nôtre, exprimée par une relation humaine prévenante et bienveillante vis-à-vis des assurés.

 

On constate au premier semestre 2016 des résultats nets en baisse pour la plupart des acteurs du secteur de l’assurance. Quelles seront les tendances à venir pour redresser la barre ?

Sur le long terme, notre secteur connaît des conditions de développement et de rentabilité nettement plus difficiles que par le passé. La baisse des taux, l’élévation de la sinistralité et les bouleversements réglementaires sont autant de facteurs qui placent les entreprises d’assurance sous haute tension. De ce point de vue, la mutation des technologies et des usages, qu’on résume dans le vocable de disruption, pourrait apparaître comme une menace, mais elle présente en réalité de nouveaux espaces stratégiques à saisir, en particulier pour une mutuelle comme la Macif. Les objets connectés permettent de développer des services d’accompagnement et de prévention en temps réel. La digitalisation et les intelligences artificielles ouvrent la voie à une automatisation large des appareils industriels, pour accélérer les traitements et baisser les coûts de revient. Enfin, des débats éthiques importants sont sur le chemin des assureurs, notamment sur la question de l’usage des données personnelles.

« C’est sur la question de l’inclusion que se jouera une bonne partie de la différenciation future entre assureurs. »

Comment réussir à se différencier lorsque le monde de l’assurance dans son ensemble est en train de prendre le même virage, celui du digital ?

La technologie fixe de nouvelles normes, mais c’est son usage qui déterminera la différenciation. Je reprends l’exemple des données de comportement, dont on voit la collecte se développer en assurance automobile autour de la télématique embarquée. Une approche traditionnelle consiste à répercuter très immédiatement les comportements de conduite sur la segmentation tarifaire, avec un risque patent d’éviction des risques et de démutualisation. Une autre approche consiste à s’appuyer sur cette connaissance pour développer des services de feedback sur la conduite, notamment à destination des publics d’ordinaire les plus sinistrés, comme les jeunes. Au bout du bout, c’est sur la question de l’inclusion que se jouera une bonne partie de la différenciation future entre assureurs.

 

Les Gafa représentent-ils une menace inédite pour les assureurs ?

Les Gafa sont une menace car ils collectent avec méthode des données massives sur leurs utilisateurs. De ce fait, Ils se trouvent théoriquement en capacité d’approcher à travers les comportements des consommateurs des tarifs pertinents d’assurance, ce qui est plutôt traditionnellement la force de l’assureur. Le risque est alors qu’ils se positionnent de plus en plus comme des intermédiaires entre les assureurs et leurs clients. Aux assureurs de jouer avec leurs propres armes ! À la Macif, notre atout est la proximité que nous avons avec nos sociétaires. Si Google devient aussi redouté qu’un Big Brother, la Macif a l’avantage d’avoir tissé une relation de confiance pour que ses sociétaires acceptent de partager leurs données, pour en retirer de la valeur en toute transparence.

 

En tant que mutuelle, avez-vous intégré la montée de l’économie du partage dans votre stratégie générale ?

L’économie du partage demeure minoritaire sur ses différents marchés, mais elle a vocation à se répandre de plus en plus vite. Derrière les exemples spectaculaires comme Blablacar, un écosystème foisonnant est en train de se développer. Cette tendance est en phase avec notre génome mutualiste : le partage des risques, une valeur reversée aux bénéficiaires, un affectio societatis. Les nouvelles mobilités représentent pourtant plus une évolution qu’une révolution pour l’assurance, avec de nouvelles garanties à développer. Preuve de notre dynamisme, la Macif, qui assure déjà une quinzaine de structures d’autopartage, vient de nouer un partenariat avec Gomore, l’un des leaders européens des nouvelles mobilités.

 

Propos recueillis par Marion Robert

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