Si Didier Demeestère croit au rebond des actions européennes, il regarde cependant d’un œil méfiant la montée du populisme dans de nombreux pays.

Décideurs. Les marchés ont effacé en moins de six semaines leurs pertes post-référendum relatives au Brexit. Comment l’expliquez-vous ?

Didier Demeestère. Les deux principaux risques évoqués après le référendum se sont quelque peu dissipés. S’agissant des craintes d’une contagion politique dans le reste de l’Europe, la réponse de l’axe franco-allemand et plus largement des vingt-sept autres pays de l’Union européenne ne s’est pas fait attendre. Une semaine après le vote, ils ont fait front commun et ont su faire preuve de fermeté pour refuser d’entamer les négociations avant l’activation de l’article 50. Cette position, couplée à l’explosion du camp du « Leave » au Royaume-Uni, et l’activisme de la Banque centrale européenne ont rassuré les marchés.

Concernant les conséquences économiques de la sortie de la perfide Albion de l’Union européenne, leur impact est encore limité. Certes, il y a eu un ralentissement de la croissance en Angleterre mais on ne peut pas parler de récession. Les incidences du référendum sont encore plus limitées pour la zone euro.

La montée du populisme nous questionne sur le partage de la valeur ajoutée

 

Les risques politiques liés à la montée des partis populistes sont-ils de nature à déstabiliser les marchés ?

C’est effectivement une source d’inquiétude majeure pour les marchés. La montée du populisme nous questionne sur le partage de la valeur ajoutée. Depuis quinze ans, le pouvoir d’achat de la classe moyenne américaine n’a pas progressé. En Angleterre, sept Anglais sur dix ont un revenu médian inférieur à la moyenne européenne. Le partage de la valeur ajoutée est donc très défavorable aux salariés. Un seul exemple suffit à s’en convaincre : au lieu d’augmenter leurs salariés ou d’investir, les sociétés américaines ont choisi de procéder à une vague de rachat de leurs propres actions. Ce type de comportement fait, à mon sens, le lit du populisme.

 

La période liée à la remontée des taux d’intérêt est historiquement associée à une hausse des actions. Pensez-vous que ce scénario peut se reproduire une nouvelle fois ?

C’est notre conviction. Le scénario idéal serait que la courbe des taux se repentifie. Cela mettrait en lumière le retour d’un cercle vertueux bien connu des investisseurs : croissance plus soutenue , anticipation de l’inflation et meilleure circulation de la liquidité. Un scénario qui, s’il se produit, serait bien évidemment favorable aux marchés actions. C’est ce pourquoi les banques centrales ont tant agi. La remontée des taux doit cependant être lente pour ne pas déstabiliser le marché.

L’environnement me semble plus favorable aux valeurs bancaires, aux matières premières et aux secteurs cycliques.

 

Quelle stratégie d’investissement préconisez-vous pour les mois à venir ?

Nous demeurons assez favorables aux actions européennes. Il y a actuellement un retard très important entre les marchés européen et américain qui pourrait se réduire progressivement. Nous sommes encore en bas de cycle. Les entreprises disposent d’un important potentiel d’amélioration de leurs marges. Grâce à l’action de la BCE, les sociétés sont en mesure de se refinancer à des taux très favorables. Sanofi a ainsi pu émettre des obligations à taux négatifs. La baisse de l’euro et des matières premières constitue aussi de précieux soutiens à la croissance européenne. Nous anticipons également une rotation sectorielle. La période qui a vu les valeurs de croissance surperformer les titres values est arrivée à son terme. L’environnement me semble aujourd’hui plus favorable aux valeurs bancaires, aux matières premières et aux secteurs cycliques.

 

Pouvez-vous nous donner des exemples d’entreprises qui répondent à vos critères d’investissement ? 

Nous suivons de près une entreprise comme Air Liquide qui vient de réaliser une opération de croissance externe de grande envergure avec la firme américaine Airgas. Une stratégie lui donnant une position de leader dans son domaine d’activité. Concernant les banques, nous ne surpondérons pas l’indice. Les différents titres du secteur bancaire sur lesquels nous sommes positionnés (BNP, Société générale, Natixis, Crédit agricole) représentent environ 8 % du portefeuille de notre fonds flexible : Talence Optimal

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

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