Dévoilé jeudi 2 mars à l’occasion d’une conférence de presse, le programme économique d’Emmanuel Macron – jugé « timide » par certains experts – ne fait pas l’unanimité.

C’est la fin du suspense. Alors que les observateurs attendaient son programme depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron a enfin livré les détails de son projet à l’occasion d’une conférence de presse le 2 mars dernier. « Cette présentation intervient à un moment grave et important de notre campagne, lance-t-il en introduction. Notre projet doit permettre à la France d’entrer pleinement dans le XXIe siècle et à chacun de trouver sa place.» Revendiquant la cohérence et le pragmatisme d’un programme construit sur le terrain avec ses 205 000 « marcheurs », le leader d’En marche ! se montre confiant. « La France est un pays irréformable. Mais nous ne proposons pas de le réformer », assure-t-il, proposant aux Français un contrat de droit, de devoirs, et de responsabilités.

 

50 milliards d’investissement

 

Décidé à redonner au pays son « esprit de conquête », le candidat « anti-système » mise sur un plan d’investissement de cinquante milliards d’euros. Cinq grands secteurs devraient en bénéficier : « la qualification des citoyens », la transition écologique, la révolution numérique, la modernisation des services publiques et, enfin, la rénovation urbaine. Et pour soutenir l’investissement privé, Emmanuel Macron prévoit plusieurs réformes fiscales : une baisse de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %, ainsi qu’une transformation du CICE en allègement de charges pérenne et de l’ISF en « impôt sur la fortune immobilière ». L’ancien ministre de l’Économie préconise par ailleurs un prélèvement unique sur les revenus du capital de l’ordre de 30 %.

 

Financement

 

Pour financer ce projet, Emmanuel Macron promet des économies à hauteur de soixante milliards d’euros. « C’est globalement ce que voulait faire François Hollande », rappelle l’économiste Alain Fabre, plutôt dubitatif quant à l’ensemble du programme économique du leader d’En marche !. « Il parle d’investissements car le terme est plus acceptable que celui de dépenses, estime-t-il. Mais mécaniquement, dès qu’on investit, on dépense ! » Le candidat préconise par ailleurs la réduction de 120 000 postes de fonctionnaires en cinq ans. « C’est trop peu au vu des cinq millions de fonctionnaires du pays, juge l’économiste. Et ça montre bien qu’Emmanuel Macron est dans l’évitement. » Leur statut ainsi que les conditions d’augmentation de leurs salaires pourraient également être modifiés. Enfin, l’ex-banquier prévoit quinzer milliards d’économies sur l’assurance-maladie et dix sur l’assurance-chômage.

 

Éviter les problèmes

 

Son programme économique va-t-il dans le bon sens ? « Il n’est pas très loin du diagnostic, reconnaît l’expert, reprochant néanmoins à Emmanuel Macron d’incarner l’idéologie technocratique. Mais son projet vise à éviter certains problèmes. » Empruntant des mesures à la gauche comme à la droite, l’ancien ministre de l’Économie espère satisfaire le plus grand nombre et ne vexer aucune frange de l’électorat. « Il essaye d’apaiser la douleur plutôt que de soigner la maladie », résume Alain Fabre. Comme les économistes, les chefs d’entreprises, dont plusieurs sont d’ores et déjà acquis à la cause du candidat d’En marche !, semblent reconnaître les points positifs de son programme. « Il reflète néanmoins la méfiance persistante à l’égard des entreprises, regrette Sophie de Menthon, la présidente du mouvement Ethic. Quand fera-t-on enfin confiance aux entreprises ? » Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron espère, avec ce programme, construire « un nouveau modèle de société et une nouvelle économie », et ainsi se détacher de ses adversaires.

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail