Brexit, loi Macron, élection présidentielle, projet de fusion entre les Bourses de Londres et de Francfort… les dossiers chauds ne manquent pas pour l’Association de la gestion financière. Au lendemain de ses premières Assises européennes de la gestion tenues le 13 octobre, son vice-président nous dévoile la position de l’AFG sur ces différents sujets.

Décideurs. Certains assureurs proposent désormais des unités de compte correspondant à des parts de fonds de capital-investissement éligibles au contrat d’assurance-vie. Quelles sont les apports de cette nouvelle solution ?

Éric Pinon. C’est une mesure qui offre un soutien supplémentaire vers le financement des PME. Ces nouveaux contrats devraient séduire davantage d’investisseurs que ne l’a fait le PEA-PME. Nous espérons désormais qu’un maximum d’assureurs se positionnent sur cette solution d’investissement. L’idée étant d’offrir aux épargnants un placement plus rémunérateur que ceux proposés sur des produits sans risque.

 

Le montant des enveloppes consacrées à ces contrats n’a pas dépassé la barre des 50 millions d’euros. Comment l’expliquez-vous ?

Ce n’est qu’un début. Les premiers contrats sont en train de tester ce marché. Il subsiste par ailleurs des contraintes réglementaires concernant l’éligibilité de certains fonds. À plus long terme, je reste persuadé que l’environnement de taux bas et la baisse des rendements des fonds en euros soutiendront le développement de cette offre et plus globalement des unités de comptes (UC) investies en actions. Les épargnants sont en train de prendre conscience que, pour percevoir un rendement attractif et préparer de manière optimale leur retraite, ils doivent accepter de prendre davantage de risques.

Nous souhaitons le retour à un prélèvement forfaitaire libératoire sur les placements de l’ordre de 25 %

 

En cette année d’élection, avez-vous des demandes particulières à adresser à nos politiques en matière fiscale ?

Il est, à notre sens, essentiel de remettre à l’endroit la fiscalité française de l’épargne. Plus on veut investir à long terme, plus on accepte de prendre de risque et plus on est taxé ! C’est l’un des grands paradoxes de notre système. Aujourd’hui les plus-values réalisées sont imposées au barème de l’impôt sur le revenu. Nous souhaitons le retour à un prélèvement forfaitaire libératoire sur les placements de l’ordre de 25 % CSG incluse. L’AFG soutient aussi une réglementation adaptée et une fiscalité incitative sur l’épargne longue et en particulier celle constituée en vue de la retraite, en entreprise ou de façon individuelle, un véhicule d’investissement que certains observateurs appellent « fonds de pension à la française ».

 

 

Un grand nombre des politiques de droite appellent à supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune, d’autres remettent en cause l’existence même de niches fiscales. Or, certaines boutiques se sont notamment développées en commercialisant des produits ouvrant droit à réduction d’impôt. Un bouleversement ne risquerait-il pas de les fragiliser ?

La défiscalisation ISF a effectivement dirigé certains investisseurs vers le private equity. Le relai, si cet impôt est supprimé, pourra venir d’une consolidation des dispositifs se fondant sur l’IR. Mais, beaucoup plus fondamentalement, la fiscalité, malgré son attrait apparent à court terme, ne doit jamais être l’unique motivation, ni même la principale ! Les acteurs de l’investissement continueront à développer leur activité, surtout en période de taux bas,  si les épargnants réalisent qu’un placement sur le capital-investissement peut offrir un bon retour sur investissement. Il convient de leur montrer que le financement des PME n’est pas une niche fiscale mais une réorientation judicieuse d’une partie de leurs placements.

Mettons résolument en avant nos points forts : la culture, la qualité de nos formations et l’expertise française en matière financière

 

La place financière parisienne peut-elle profiter du Brexit pour renforcer son attractivité ?

Nous le croyons. Nous devons toutefois faire face à une forte concurrence et donc renforcer notre attractivité. Pour cette raison, l’Association Française de la Gestion financière avait lancé avec l’Autorité des Marchés Financiers un groupe de place, appelé FROG, dès avant le Brexit. Ses travaux visent notamment à accroître la compétitivité, à faciliter la distribution et à renforcer  la promotion de la gestion française à l’international. Plus globalement, la place de Paris a aussi accueilli très favorablement les déclarations des pouvoirs publics en juillet dernier annonçant un renforcement du régime des impatriés. Mettons résolument en avant nos points forts : la culture, la qualité de nos formations et l’expertise française en matière financière. Il reste que notre système d’imposition demeure très pénalisant. Nous sommes les seuls en Europe à subir la taxe sur les salaires et l’IS est aujourd’hui fixé à 33 % - avec un objectif annoncé de 28 % à l’horizon 2020 - quand d’autres pays imposent les sociétés à des taux bien moindres : 25 % aux Pays-Bas, 18 % en Suisse et seulement 13 % en Irlande !

 

Le sujet de la fusion envisagée entre les Bourses de Londres et de Francfort pose également problème.

Nous y sommes très attentifs sous deux angles principaux. On peut, tout d’abord, se demander si ce projet est d’un point de vue opérationnel, systémique et politique, cohérent avec le Brexit. Il faut aussi s’assurer qu’il n’aboutisse pas à la constitution d’un acteur d’une taille telle que la concurrence serait faussée.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

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