François Lecointre, militaire de renom et chef du cabinet militaire du premier ministre depuis 2011, succède au général de Villiers comme chef d’État-major. Une nomination saluée malgré la polémique autour du budget de la Défense.

Incontestable. Tel est sans doute ce qui caractérise le mieux le nouveau chef d’État-major nommé en Conseil des ministres à la suite de la démission du général de Villiers, le 19 juillet dernier. La cause de ce départ précipité ? Une coupe de 350 millions d’euros annoncée par Bercy dans le budget de la Défense en 2017. « Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français », s’est justifié Pierre de Villiers après avoir ouvertement critiqué la stratégie du Président lors de la commission de Défense de l’Assemblée nationale. « Le général de Villiers a tiré les conséquences du désaccord qu’il a lui-même exprimé, explique de son côté le premier ministre dans l’hémicycle, le 19 juillet. Il ne peut pas contester le choix fait par son chef. » Des tensions rapidement apaisées par la nomination unanimement saluée du générale Lecointre.

Un « grand soldat »

À 55 ans, ce saint-cyrien, membre l’État-major des armées depuis près de six ans, est avant tout un homme de terrain. En 1991, il participe à la guerre du Golfe, puis sert en Somali, à Djibouti, au Rwanda et en Serbie, où il signe sans doute son plus grand fait d’armes en 1995. Après avoir libéré un pont à Sarajevo, ses troupes parviennent à délivrer quatorze militaires pris en otages. « C’est un grand soldat incontesté et reconnu comme tel par l’ensemble des institutions, estime Vincent Desportes, général de division de l’armée de terre au micro de RFI. C’est aussi un intellectuel (…) et quelqu’un qui connaît bien le milieu politique. » Et pour cause : en 2011, le général Lecointre fait ses premiers pas en cabinet ministériel aux côtés du ministre la Défense, Hervé Morin. Quatre ans plus tard, l’Union européenne lui confie une mission d’envergue : la direction d’une formation militaire au Mali. L’objectif ? Fournir des conseils aux forces armées maliennes engagées dans la lutte contre les factions terroristes. Il rejoint Matignon en 2016 en tant que chef du cabinet militaire de Manuel Valls, de Bernard Cazeneuve, puis d’Édouard Philippe. Il est désigné chef d’État-major des armées le 19 juillet dernier sur proposition de la ministre des Armées, sans qu’aucun autre nom ne soit envisagé, et assure dorénavant le commandement des opérations militaires tricolores.

Éteindre la polémique

« Je pense que les armées peuvent être fières du chef d’État-major qui a été nommé (…), déclare Emmanuel Macron le 19 juillet lors de sa visite sur le parcours du Tour de France. Une occasion de rappeler les responsabilités qui incombent à la fonction : « Il aura non pas un budget à défendre car ce n’est pas le rôle du chef d’État-major, mais des troupes à conduire, des opérations à mener ». Une façon pour le chef de l’État d’asseoir son autorité et de clore la polémique ouverte par le général de Villiers. « Je veux que vous ayez les moyens de vos missions », assure-t-il aux armées à l’occasion d’un déplacement sur la base aérienne 125 d’Istres, dans les Bouches-du-Rhône, le 20 juillet. Pour retrouver toute leur confiance, le Président, qui a confirmé l’objectif de porter à 2% du PIB le budget de la Défense à l’horizon 2025, devra démontrer que les coupes prévues ne pèseront pas sur la vie des soldats, mais plutôt sur l’industrie militaire qui a exporté plus de seize milliards d’euros en 2015 et 2016.  

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

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