Google et sa filiale Youtube ont été mis à l’index par des centaines de grandes marques et institutions après une polémique déclenchée par le Times qui révèle la présence de vidéos extrémistes et racistes à côté de publicités.

Depuis plusieurs jours, Google et sa filiale Youtube sont au cœur d’une polémique grandissante. Les publicités de grandes marques et institutions se retrouvent accolées à des contenus très douteux. Cela n’a pas échappé au Times qui a pointé du doigt les pratiques du géant américain. L’Oréal, HSBC, McDonald’s, The Guardian, la BBC, Havas et le gouvernement britannique ont pu constater avec horreur que leurs annonces se trouvaient aux côtés de vidéos faisant l’apologie du terrorisme et de la haine. Tous n’ont pas hésité une seconde à boycotter la plate-forme. Marks and Spencer explique : « Afin de garantir la sûreté de notre marque, nous faisons une pause dans notre présence sur les plates-formes de Google, le temps que cette question soit résolue ». Cette vague de méfiance vis-à-vis du diffuseur de publicité a continué à déferler, direction cette fois les États-Unis. Plus récemment, c’est en effet Verizon et AT&T qui, très préoccupés par la situation, ont annoncé suspendre certaines de leurs publicités. Trois autres grands groupes américains leur ont emboité le pas. Le Royaume-Uni et les États-Unis sont les deux premiers marchés de Google. Les dégâts risquent donc d’être conséquents pour la firme.

 

Un impact chiffré non négligeable

Cette polémique vient ternir les résultats 2016 ultra positifs de Youtube. En effet, le site de diffusion de vidéos avait annoncé au début du mois avoir atteint le milliard d’heures de visionnage chaque jour et 1,325 milliards d’utilisateurs mensuels fin 2016. Selon Statistic Brain, ces résultats étaient permis par les algorithmes mis en place par Google, sur le mode du machine learning, permettant un ciblage très efficace de ses internautes. Seulement voilà, c’est une déficience de ce type d’apprentissage qui a couté cher aux annonceurs, et qui inflige à Google une punition dont il se serait bien passé. Le groupe est désormais délaissé par près de 250 grandes marques entraînant une chute de sa capitalisation boursière de 23 milliards de dollars, ce qui représente une baisse de 4 %. Le boycott sur Youtube pourrait coûter 755 millions de dollars de revenus sur l’ensemble de l’exercice 2017. Sans parler de sa réputation qui risque d’être ternie sur le long terme.

 

Des excuses et des promesses

Après s’être officiellement excusé et avoir déclaré prendre « très au sérieux [leurs] responsabilités pour ces problèmes », le président de Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, Matt Brittin, a répété les engagements de Google : « Nous nous sommes engagés publiquement à faire mieux dans trois domaines : élever nos critères pour notre politique publicitaire, simplifier les contrôles et ajouter des filets de sécurité automatique et investir davantage pour agir plus vite. » Instaurer un véritable contrôle serait plus compliqué en raison du nombre très important d’ajouts quotidiens de vidéos sur la plate-forme Youtube. Mais Google promet de s’améliorer en augmentant ses effectifs chargés d’effectuer les vérifications et en modifiant ses conditions d’utilisation. Enfin, la firme mise sur ses récentes améliorations en matière d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique. Elle a notamment conçu une machine qui ne perd par la mémoire face à chaque nouveau problème lui permettant d’apprendre en continu. Un progrès majeur dans le domaine. Espérons que Google, à l’image du machine learning, apprenne lui aussi vite de ses erreurs.

 

Marion Robert

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