Hugues Aubry a pris les commandes de Swiss Life Banque Privée fin 2015. Il nous fait part de ses ambitions pour la firme et de ses convictions sur le rôle que jouera le digital dans l’activité de la banque privée.

Décideurs. Vous avez succédé, au poste de directeur général de la Banque privée, à Tanguy Polet en novembre dernier. Quelles sont vos ambitions à la tête de Swiss Life Banque Privée ?
Hugues Aubry.
Mon ambition est de favoriser le développement des quatre grandes entités composant notre organisation. Si notre croissance repose en partie sur notre activité traditionnelle d’ingénierie patrimoniale, nous avons développé d’autres expertises. Je pense notamment à notre filiale dédiée à la gestion d’actifs qui nous permet de proposer une offre de gestion sous mandat, de gestion conseillée ou encore d’OPCVM patrimoniaux de grande qualité. Cette structure intégrée à la banque privée travaille en étroite collaboration avec celles de Swiss life Asset Managers qui est la société de gestion du groupe. L’asset management pèse pour 50 % dans notre croissance. Ce segment a par ailleurs été significativement renforcé avec l’arrivée d’Alessandra Gaudio. Ancienne global chief investment officer de la banque privée Edmond de Rothschild à Genève, celle-ci a la charge de superviser et de piloter la gestion des actifs de la clientèle privée. Ce recrutement fait notamment suite à l’acquisition de la société de gestion Prigest dont la connaissance des marchés actions français et internationaux n’est plus à démontrer. 
Par ailleurs, nous avons développé une activité très significative en matière de crédit Lombard avec un peu plus de 460 millions d’euros d’encours de crédit.
Nous avons également beaucoup d’ambition pour nos équipes dédiées aux opérations de Corporate Finance (de M&A et d’IPO) sur le segment des mid et small cap. Cette offre a vocation à fidéliser notre clientèle et à soutenir le développement de notre business. 
Si l’ensemble de ces expertises nous donnent satisfaction, l’idée est tout de même de réaliser un certain nombre d’ajustements, liés notamment au changement de notre outil informatique et l’intégration d’Avaloq, un logiciel suisse de solutions bancaires de nouvelle génération. Enfin, nous souhaitons structurer une filière risque autour des activités de compliance et de sécurité. Une démarche qui est rendue nécessaire par l’évolution de la réglementation.

 

Décideurs. Chaque année, vous publiez un observatoire de la banque privée. Parmi les éléments qui ressortent de votre dernière étude figure le désir des clients de recourir à une offre de gestion conseillée. Pour quelles raisons ?
H. A.
Dans le cadre de cet observatoire, il ressort que les banquiers privés restent bien au centre du jeu. Une partie du marché aime à penser que la gestion privée pourrait devenir de plus en plus impersonnelle. L’enquête nous montre qu’il convient d’être prudent sur cette question. Si les clients veulent rester les décisionnaires et conserver leur autonomie, ils réclament tout de même davantage les conseils de professionnels et expriment leur besoin d’être accompagnés dans leur organisation patrimoniale. Les récentes turbulences ayant eu lieu sur les marchés financiers n’ont fait que renforcer cette tendance. La gestion conseillée est une réponse appropriée. Sur des sujets aussi complexes, l’autonomie des clients semble montrer ses limites.

 

Décideurs. L’avènement du digital est au centre de la réflexion des banques privées. Preuve de son importance, votre prédécesseur a pris la direction de la nouvelle division clients et transformation digitale au sein de Swiss Life France avec pour mission de réussir ce virage stratégique. Pour autant, si les différentes banques privées sont conscientes de l’importance du digital, elles hésitent encore quant à la voie à suivre. Quel est votre point de vue ?
H. A.
Les services digitalisés et les moteurs d’analyse sont avant tout des outils. Remettons les choses dans leur contexte. Aujourd’hui, les robot advisors ne représentent qu’une part mineure du marché et sont surtout présents sur le segment du mass affluent. Un indicateur intéressant a été publié dans notre observatoire : 70 % des personnes interrogées n’imaginent pas une relation avec leurs banques privées sans un service digitalisée mais, pour autant, leur première source d’information demeure leur banquier privé devant les autres sources et notamment digitales. Il ne faut pas faire l’amalgame entre des clients qui souhaitent disposer des informations via le canal digital et une structuration de leur patrimoine qui se ferait uniquement à travers des robot advisors. Un ingénieur patrimonial dispose d’un niveau de technicité et de précision qui demeure sans commune mesure avec ce que peut proposer les outils digitaux aujourd’hui. Il est cependant évident que l’on doit tenir compte de ces outils pour continuer notre développement.

 

Décideurs. Quelle stratégie allez-vous suivre ?
H. A.
Nous avons fait le choix de monter une joint-venture en interne. Le projet du groupe dans lequel la banque privée s’inscrit également est de travailler dans un premier temps sur la mise en place d’un agrégateur. Notre seconde priorité vise la mise à disposition pour notre clientèle d’un robot advisor. 

 

Décideurs. Des opérations de croissance externe sont-elles en vue ?
H. A.
Réaliser des opérations de croissance externe peut être très pertinent pour nous, et ce d’autant plus que nos actionnaires disposent d’un réel savoir-faire en la matière. Pour que ces opérations stratégiques puissent parfaitement remplir leur office, il faut que notre groupe soit parfaitement organisé. Nous sommes effectivement à l’affût mais mon objectif est de faire en sorte d’optimiser notre structure pour optimiser notre croissance organique.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

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