Fondée par Jean-Charles Samuelian, ingénieur entrepreneur, et Charles Gorintin, anciennement data scientist chez Twitter, Alan est une petite révolution dans l’univers de l’assurance santé. En octobre, la start-up a bouclé un premier tour de table impressionnant de douze millions d’euros. Prônant la fin de la complexité dans les démarches des entreprises, cet assureur évolue entièrement dans la sphère digitale et soigne son design comme son offre sans engagement.

Décideurs. Comment vous démarquez-vous d’une compagnie d’assurance classique ?

J.-C. Samuelian. Nous sommes la seule assurance santé 100 % digitale. Chez nous le papier n’existe à aucun moment du processus et tout est simplifié à l’extrême. L’inscription d’une entreprise à notre complémentaire santé se fait en seulement dix minutes et l'invitation des salariés à y souscrire dix secondes. Nous proposons une offre mono-produit dans cet objectif. De plus, pour être très exact, Alan est une entreprise de technologies qui a construit une assurance. Cela implique une vision très pro-utilisateur. Nous sommes partis du constat que les interactions client-assureur étaient mauvaises et qu’il était difficile de créer des liens de confiance dans ce contexte.

 

Vous voulez rendre l’accès à la santé simple et accessible. Quelles sont les difficultés que les entreprises rencontrent aujourd’hui ?

Les entreprises sont perdues et ont du mal à faire la différence entre leur courtier, leur assureur et leur gestionnaire. Elles ne savent pas combien elles payent et pour quel service et devaient envoyer plusieurs emails pour qu’un risque soit pris en compte. Les interactions avec leur complémentaire santé sont souvent désastreuses. C’est l’accumulation de tous ces petits éléments qui rend l’ensemble complexe. Ce sont ces difficultés qu’Alan résout. 

 

Vous avez récemment levé 12 millions d’euros. Quelle est votre stratégie pour en tirer le meilleur?

Nous avons levé cet argent afin de continuer à développer notre produit pour offrir à nos clients une expérience utilisateur au plus près de leurs attentes. L’objectif est de rendre le produit tellement limpide que le service client deviendrait inutile. Nous souhaitons également augmenter notre volume d’assurés et développer de nouvelles fonctionnalités comme la possibilité pour nos utilisateurs de connaître en avance combien va leur coûter une consultation chez le médecin et pouvoir trouver le meilleur praticien près de chez eux.

"Nos données sont stockées sur des serveurs agréés et nous refusons de les vendre à quiconque."

 

Quel est votre business model ?

Nous collectons comme tout assureur classique des primes tous les mois. L’originalité réside dans l’automatisation de cette perception. Elle est fixée à 55 euros par personne si la moyenne d’âge des salariés de l’entreprise est inférieure à 36 ans. Nous avons également un ratio de sinistres sur les primes collectées que l’on mesure en continue en raison de la nouveauté de nos opérations en tant qu’assureur. Cela nous permet d’être profitable. L’approche de notre structure et sa forme digitale impliquent de faibles coûts de gestion qui nous permettent de réinvestir dans le produit.

 

Votre politique tarifaire est-elle similaire aux standards du marché ?

Notre produit est très compétitif malgré la multitude d’assureurs existants sur le marché car nous présentons beaucoup d’avantages en matière de fonctionnalité utilisateur.

 

Vous êtes la première complémentaire santé digitalisée. Comment abordez-vous la problématique de la protection des données ?

Nous nous sommes fixés plusieurs règles inscrites par ailleurs dans nos statuts. Nos données sont stockées sur des serveurs agréés et nous refusons de les vendre à quiconque ou de les utiliser pour individualiser nos prix. C’est important de personnaliser les interfaces car une complémentaire santé doit être différente selon le profil de nos utilisateurs. Mais le prix ne changera jamais à titre individuel pour garder de bonnes relations fondées sur la confiance.

 

Comment allier les besoins en fonds propre de l’activité d’assureur et le jeune âge de votre start-up ?

C’est en partie pour cela que nous avons levé 12 millions d’euros, sous l’œil de la Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Alan est la première société à avoir obtenu l’agrément d’assureur depuis 1986 en France, témoin de la rigueur déployée quant au remboursement de nos assurés grâce à un bon pilotage de nos capitaux propres et un peu de réassurance.

 

Pouvez-vous en dire plus sur cet agrément, une première en 30 ans pour un acteur indépendant ?

Alan l’a obtenu très rapidement en raison de notre transparence avec l’ACPR sur la façon dont nous avons monté la société, sa gouvernance et la gestion des risques en capital. Nous avons beaucoup échangé avec ses membres sur leurs attentes et les contraintes de la réglementation européenne Solvabilité II. Alan a été créé pour évoluer en conformité avec ces règles et non dans l’optique de les contourner.

 

Comment les entreprises vont pouvoir assumer la hausse des coûts engendrée par la multiplication des maladies chroniques ?

Aujourd’hui, la sécurité sociale couvre encore très correctement les maladies chroniques. Notre rôle est complémentaire mais il y aura un enjeu futur de financement. Il y a de nombreuses innovations à venir, notamment en matière de prévention, qui pourraient réduire les coûts sur le long terme. C’est la réflexion que nous menons actuellement.

 

Propos recueillis par Marion Robert

 

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