Alors que Jean-Marie Le Pen fait des pieds et des mains pour réintégrer le FN, d’autres claquent la porte de leur parti.
À l’approche des élections régionales, c’est un peu à qui créera le plus de confusion. Ainsi, la fronde qui agite les rangs du PS depuis deux ans semble avoir donné des idées à d’autres: les départs se multiplient et certains pensent même à créer de nouvelles formations politiques.

Philippe Noguès (photo) est le deuxième à claquer la porte du PS. L’ancien député frondeur du Morbihan ne se retrouve plus dans la ligne sociale-libérale suivie par le Premier ministre et incarnée par Emmanuel Macron. Même s’il ne prévoit pas de créer de nouveau parti pour l’instant, sa démarche a fait un émule et pourrait ouvrir la voie à beaucoup d’autres. Liëm Hoang-Ngoc, ancien député européen, a lancé le bal en quittant le PS. Cet économiste déplore le tournant opéré par le gouvernement en faveur du « socialisme de l’offre » et appelle à créer un nouveau mouvement : la Nouvelle gauche socialiste (NGS).

Au sein de Nouvelle Donne, parti créé en 2013 et co-présidé par l’ex-PS Pierre Larrouturou, la situation est critique. Ce ne sont pas moins de soixante militants et responsables qui ont repris leur indépendance arguant du manque de poids politique de la formation et de la lourdeur du processus décisionnel interne. Des désaccords à propos de la stratégie à adopter lors des élections régionales sont également en cause.

Même climat tendu dans le mouvement Nous Citoyens créé en 2014. Un an à peine après sa nomination, l’eurodéputé centriste Jean-Marie Cavada a annoncé démissionner de son poste de président, coupant ainsi l’herbe sous le pied au comité directeur du parti. Il a été suivi de deux autres hauts dirigeants qui ont également quitté le parti : Isabelle Bordry et Pascale Luciani, respectivement vice-présidente et déléguée régionale Île de France Est. En attendant les prochaines élections prévues à la fin de l’année, c’est l’entrepreneur Denis Payre qui reprend les rênes du mouvement politique qu’il a fondé. À lui de piloter la réforme des statuts pour introduire plus de démocratie au sein du parti. De son côté, le président sortant annonce vouloir créer une nouvelle structure dont le congrès fondateur est prévu pour l’automne 2015.

Au FN, l’histoire est tout autre : c’est en intégrant qu’on attise les divisions. Marion Maréchal-Le Pen en a fait l’expérience en annonçant Olivier Bettati, ex-UMP et ancien adjoint de Christian Estrosi à la mairie de Nice, comme tête de liste départementale dans les Alpes-Maritimes. Une décision qui a suscité la grogne de nombreux élus locaux dans un département traditionnellement attaché à Jean-Marie Le Pen. La désignation de Philippe Vardon au sein de son équipe de campagne est loin d’avoir calmé le jeu. Leader de la branche niçoise du Bloc identitaire, Philippe Vardon fait ainsi ses premiers pas au sein du parti frontiste puisque ni Jean-Marie ni Marine Le Pen n’avaient souhaité s’allier avec lui, le jugeant « européiste et régionaliste ». Loin de se conformer à la ligne défendue par Florian Philippot, l’intégration de Philippe Vardon intervient alors même que la fronde des élus FN gronde en région Paca. Trois cadres ont ainsi été suspendus du parti après s’être montrés trop critiques à l’égard du vice-président frontiste et en avoir réclamé la démission. Parmi eux, Lydia Schénardi, conseillère régionale, n’a pas hésité à le comparer à « un lierre qui envahit l’arbre et finit par l’étouffer ».

Depuis que la justice a annulé en référé la suspension de Jean-Marie Le Pen du parti qu’il a fondé, la fracture entre pro-Philippot et partisans du patriarche ne cesse de se creuser.

S. V.

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