Après des années tapis dans l’ombre des valeurs de croissance, les titres "value" retrouveront-ils les faveurs des investisseurs ? C’est la conviction qui anime Marc Renaud. Il nous en explique les raisons.

Décideurs. Le premier trimestre 2016 constitue-t-il un tournant pour les tenants d’une gestion dite value ?

Marc Renaud. Depuis le premier trimestre 2016, j’ai le sentiment qu’il y a un retour de l’appétit pour le risque. Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à se positionner sur les secteurs les plus massacrés. C’est un vrai changement après six années où les valeurs défensives ont été privilégiées, et ce quel que soit leur prix. Nous voyons revenir ces investisseurs avec agressivité sur des titres liés aux matières premières, aux biens d’investissement et demain, je l’espère, au secteur bancaire.

 

La perte de vigueur du dollar et les plus bas atteints par le cours du pétrole peuvent-ils être des catalyseurs favorables à la gestion value ?

Si la remontée des cours du pétrole et du prix des matières premières ont été des éléments moteurs, je m’abstiendrais de dire que ce fut le principal catalyseur. Il était évident que la situation ne pouvait plus durer. À trente dollars le baril, toutes les entreprises du secteur perdaient de l’argent. Il y a donc un retour à une certaine logique économique. La confirmation du scénario de reprise cyclique en Europe est aussi une très bonne nouvelle en vue d’un rebond des titres value. Mais le catalyseur central demeure celui de la remontée des taux d’intérêt. C’est une corrélation historique. Quand les marchés sont soutenus seulement par la baisse des taux, cela favorise les durations longues et donc les valeurs de croissance. À l’inverse, lorsque l’on entre dans un cycle de normalisation des taux, c’est plus favorable à la prise de risques.

 

Les entreprises pétrolières ou exposées aux matières premières sont-elles toujours une cible intéressante pour vous ?

Le fondement de ma méthode de gestion est d’investir sur le retour à la moyenne. J’essaye donc de trouver le catalyseur qui montrerait que la sous-évaluation d’une société que j’ai pu mesurer pourrait être corrigée. Si je prends l’exemple des valeurs pétrolières, je n’avais pas prévu une remontée du pétrole. J’ai juste constaté qu’à trente dollars le baril, toutes les sociétés perdaient de l’argent. Ce prix ne pouvait constituer un point d’équilibre pour le secteur. J’ai donc investi avec l’idée que le curseur ne s’était pas arrêté au bon endroit. Cent dix dollars le baril, c’était sûrement trop cher mais 30 dollars le baril c’était juste débile. Shell, Total ou encore BP sont tombés à des cours hallucinants malgré leur cash-flow gigantesque. Pour nous, c’est le bonheur. Quand vous achetez ces titres à ce prix, il ne peut quasiment rien vous arriver. Surtout que ces sociétés distribuent de généreux dividendes à leurs actionnaires. Quoi qu’il en soit avec la remontée du cours, nous avons pu réaliser d’importantes plus-values sur les pétrolières et les entreprises du secteur matières premières comme Arcelor ou Anglo American.

 

« Les banques sont pour moi les titres value qui n’ont pas encore frétillé »

 

Les valeurs bancaires ont été largement secouées ces derniers mois. Peuvent-elles être le pari risqué… mais gagnant de cette année ?

Les banques sont pour moi les titres value qui n’ont pas encore frétillé. Si l’on veut investir dans ce secteur, mieux vaut toutefois se concentrer sur les leaders tels que BNP ou Banco Santander. Ces dernières se sont recapitalisées et génèrent entre 10 % et 12 % de rentabilité sur fonds propres.

 

Quel fut l’impact du Brexit sur votre portefeuille ?

Le Brexit a été une énorme surprise.  C’est tellement absurde que l’on ne pouvait pas y penser. J’avais cependant eu la bonne idée de vendre, avant les résultats du vote, toutes les valeurs domestiques dont les banques anglaises. Et aujourd’hui je ne suis pas pressé d’y revenir.

 

Qu’en est-il du risque pesant sur les banques italiennes ?

C’est un problème très important. Pour ces « prêts non performants », on parle tout de même d’une dette équivalente à celle de la Grèce. Aujourd’hui cela pèse sur le système bancaire italien mais aussi européen. Ce problème-là n’est pas résolu. Les Allemands ouvriront-ils la voie à une dérogation des règles européennes pour permettre à l’État italien d’intervenir ? Cela me semble être le scénario le plus probable. Il n’y a rien de pire qu’une crise bancaire pour l’économie.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

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