Selon une étude réalisée par HSBC, 67 % des investisseurs institutionnels souhaiteraient investir davantage dans des projets sobres en carbone ou visant à lutter contre le réchauffement climatique. Précisions avec Marine de Bazelaire, directrice du développement durable, HSBC France.

Décideurs. Pourquoi les investisseurs montrent soudainement un intérêt aussi prononcé pour le secteur de la transition énergétique ?

Marine de Bazelaire. En amont de la Cop 21 et dans le cadre de l’attention qui y a été portée par le secteur financier, de très nombreux acteurs, à commencer par les investisseurs institutionnels ont pris des engagements volontaires pour financer la transition énergétique. Certains sont soutenus dans cette démarche par un cadre réglementaire incitatif, comme en France, d’autres sont mus par leur responsabilité fiduciaire. D’après les données du Giec, les probabilités d’occurrence de dommages sur l’économie mondiale sont si élevées si rien n’est fait que ne pas les prendre en compte dans ses politiques d’investissement relèverait du défaut de gestion, et pourrait donc être utilisé a posteriori par les épargnants à leur encontre.

 

À combien estimez-vous le montant qui pourrait être investi si les émetteurs étaient plus transparents ?

La New Climate Economy, dans son rapport 2015, indique que mille milliards de dollars d’investissements annuels additionnels sont nécessaires pour financer les infrastructures bas carbone d’un monde aligné à un scénario de + 2 °C. Elle estime également que cet investissement doit être accompagné d’un désinvestissement annuel de 400 milliards de dollars dans les énergies fossiles.

 

« Ne pas prendre en compte la transition énergétique dans sa politique d’investissement relèverait du défaut de gestion »

 

Pourquoi les entreprises sont-elles autant en retard en la matière ?

L’étude montre qu’une entreprise sur deux a déjà une stratégie de réduction de ses impacts environnementaux, avec une très forte disparité entre l’Europe (75 %) et l’Asie (36 %) ou le Moyen-Orient (26,5 %). Comme on lit également que la pression des parties prenantes et la réglementation sont les principales motivations pour divulguer des informations sur ces stratégies et leur résultat, il me semble que la maturité des sociétés sur ces sujets est le principal moteur d’engagement. Je ne serai pas étonnée de voir l’Asie faire un véritable bond en avant dans les prochaines années en matière de prise en compte des risques et opportunités liés au changement climatique, une zone portée par la politique chinoise notamment.

 

Comment les entreprises peuvent-elles améliorer leur communication en ce sens ?

Le travail que vient de soumettre à consultation publique la Task Force on Climate-related Financial Disclosure (TCFD), peut être un formidable guide pour les entreprises. Ses recommandations portent sur quatre domaines : la gouvernance, la stratégie, la gestion des risques, et les indicateurs et objectifs. Ces quatre domaines sont agrémentés de spécificités sectorielles pour une prise en compte pertinente de ces enjeux.

 

Quel rôle doit jouer le secteur bancaire en la matière ?

Le secteur bancaire doit accompagner cette transition, en intégrant les risques liés au changement climatique et en finançant une économie sobre en carbone. Depuis 2004, HSBC France intègre, dans ses procédures de gestion des risques, les politiques volontaires du groupe pour encadrer son activité dans différents secteurs considérés comme les plus impactées ou les plus dommageables à l’environnement : l’énergie, la forêt, l’eau, la chimie, les industries extractives, l’huile de palme… En 2016, nous avons mené une première évaluation de notre exposition aux risques physiques et de transition liés aux changements climatiques.

 

Propos recueillis par Vincent Paes.

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