Où va l’Europe ? Alors que les fausses notes n’ont cessé d’émailler le congrès de Poitiers, le PS donnait aussi le change à la Fondation Jean-Jaurès pour mieux éviter les sujets épineux. Un immobilisme croissant qui pose la question de l’influence de la France au sein de l’Union européenne…
Difficiles accords entre la Grèce et ses créanciers, menace d’un référendum britannique sur l’appartenance à l’Union, sans oublier les très controversés accords Tafta… Nombreux sont les sujets-clés qui pourraient décider de l’avenir de l’Union européenne. Et pourtant les débats n’ont jamais autant stagné. Vers une véritable Union économique et monétaire ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les différents intervenants conviés à l’Assemblée nationale par la Fondation Jean-Jaurès le 3 juin dernier. Une nouvelle fois, les élus socialistes et les spécialistes de la question européenne ont été fidèles aux lois de la physique en appliquant le principe d’inertie.

Une Europe socialiste embourbée

« Le débat serein sur le renforcement de la zone euro se fera quand on retrouvera un contexte économique stable », a botté en touche le ministre des Finances, Michel Sapin. Une idée à l’opposé de celle des intervenants comme Jean Quatremer, le journaliste français spécialiste de l’Union européenne, qui préconisait aussi des actions sur le court terme. À l’image du parti, les socialistes en présence s’accordaient rarement sur un ordre de priorités. Pour Valérie Rabault, vice-présidente de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, le problème est que « les intervenants politiques en appellent aux valeurs, les autres parlent de mécanismes et de techniques ». Et si les propositions, telles que la mise en place d’une politique budgétaire européenne ou la réorganisation de la Commission à l’image de la BCE étaient évoquées, il manquait une vision socialiste cohérente pour l’avenir de l’Europe. Face à cet immobilisme patent, certains invités ont néanmoins tenté d’apporter des propositions concrètes comme la simplification des règles européennes. Ainsi, Pervenche Bérès, présidente de la Délégation socialiste française au Parlement européen, a estimé que « les règles intelligentes nous ont trop éloigné des citoyens par des mécanismes trop complexes ».

Le PS face à ses contradictions

Complexe, c’est le mot qui semble coller à la peau des poids lourds du PS. Les dissensions internes n’ont cessé de se multiplier suite au virage libéral négocié en août dernier et dont Emmanuel Macron est la figure de proue. Résultat, depuis l’adoption de la motion Cambadélis, le parti affiche une fragile image d’unité autour de la politique menée par le gouvernement.

Le congrès de Poitiers, qui s’est tenu le week-end dernier, a confirmé l’avis de tempête qui souffle sur le flanc gauche français. Si Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls ont singé une unité inexistante, les frondeurs, Martine Aubry et Benoît Hamon restent absents de la photo de famille, alors qu’une tribune pamphlétaire – publiée dans le JDD par Arnaud Montebourg et le banquier d’affaires Matthieu Pigasse – étrille la politique du gouvernement. Point d’orgue des dissensions qui ont secoué le congrès, « l’Adresse au peuple de France » n’a pas été signée par toutes les motions. De stratégie d’esquive en stratégie d’esquive, le PS doit aujourd’hui faire face à une vérité universelle : il faut agir pour échapper à l’inertie.

Sophia Sanni Soulé

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