Airbnb, comme les autres plates-formes de l’économie collaborative, sont dans le viseur des législateurs français. Ces acteurs au fort succès populaire sont désormais contraints de collaborer davantage avec l’administration fiscale, notamment dans l’identification des revenus de leurs utilisateurs.

Alors que les pouvoirs d’achat reculaient à la suite de la crise économique de 2008, les revenus supplémentaires générés grâce à l’économie du partage ont soulagé bon nombre de ménages à travers le monde. Uber et Airbnb aux États-Unis, Heetch et Drivy en France : les plates-formes collaboratives se sont multipliées pour s’engouffrer dans cette brèche. Si la philosophie philanthropique ne dominait pas nécessairement le business model de ces acteurs arrivés en masse de 2010 à nos jours, la possibilité laissée aux propriétaires de louer ou partager leurs biens contre une certaine somme d’argent n’était pas anodine dans un tel contexte. Devant ce bol d’air offert aux particuliers, les législateurs se sont d’abord montrés timides au moment d’imposer des normes d’utilisation et de fiscalité. Il semble que cette période d’indécision soit terminée.

 

Une obligation de coopération fiscale

 

Un amendement au projet de loi de finances rectificative, adopté lundi soir par les députés, offre un cadre aux relations entre Airbnb et consorts d’un côté, et l’administration fiscale de l’autre. À partir de 2019, ces acteurs seront désormais dans l’obligation de transmettre au fisc les données relatives aux revenus de leurs utilisateurs. Dans la théorie, les montants générés à travers ces plates-formes sont tous susceptibles d’être comptabilisés dès aujourd’hui dans la déclaration de revenus. Dans les faits, très peu d’utilisateurs ont eu ce réflexe ces dernières années… Le même amendement instaure une participation aux cotisations sociales lorsque les sommes accumulées par le biais de ces sites et applications dépassent 23 000 euros par an pour la location d’un logement et 7 720 euros pour un bien meuble (notamment les voitures).

 

L’optimisation fiscale de ces acteurs fait aussi grincer des dents. Les pertes de revenus destinés à l’État semblent colossales lorsque l’on compare la valorisation financière des sociétés et leur participation à l’impôt. Airbnb n’aurait payé que 69 168 euros d’impôts en 2015 pour un chiffre d’affaires hexagonal de 65 millions d’euros par an, selon Le Parisien. Cette donnée étonne d’autant plus que le marché français est le deuxième plus important de la société californienne, derrière les États-Unis. En signe d’apaisement, l’entreprise créée par Brian Chesky en 2008 a mis en place des systèmes de collectes de taxe de séjours, à Paris et Chamonix depuis 2015, et dans vingt autres villes tricolores le 1er août de cette année.

 

La contre-attaque par l’innovation

 

Partout en Europe, la pression semble s’accentuer sur Airbnb. Pour contrer l’influence de ce dernier sur le secteur hôtelier et la perte de vitalité des grandes villes européennes, des lois sont venues limiter la durée légale maximale par an pour des locations de logement à la journée : 120 jours à Paris, 90 à Londres et 60 à Amsterdam. Loin de s’alarmer face à ces difficultés, la société a décidé d’élargir sa gamme d’offres. Avec son nouveau service Trips lancé en grandes pompes le 17 novembre, la plate-forme propose en plus du partage de logements, la mise en relation de passionnés locaux et de voyageurs pour offrir une expérience encore plus personnalisée. Des activités d’agence de voyage qui disposent déjà d’un cadre fiscal défini. Sauf que lorsque l’on parle d’économie collaborative, le doute ne tarde jamais à s’immiscer…

 

Thomas Bastin

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