La Poste est passée maître dans l’art d’adapter ses activités à l’évolution numérique. Encore fallait-il que l’ensemble des collaborateurs suivent… C’est chose faite, notamment grâce aux actions d’Yves Arnaudo, un de ces spécialistes des ressources humaines qui pensent la formation comme le levier de performance de chaque transformation.

Décideurs. Vous avez fait carrière dans les directions des ressources humaines de grandes banques. Comment a évolué la formation professionnelle dans ce secteur ?

Yves Arnaudo. La formation a toujours eu un rôle fondamental dans le secteur bancaire. Avant, les banques recrutaient des candidats peu diplômés et l’apprentissage était un vecteur d’ascension sociale. Aujourd’hui, les collaborateurs sont certes plus qualifiés, mais l’évolution des métiers et du contexte de travail demande de nouvelles compétences, comme la connaissance de l’évolution de la réglementation ou l’anticipation des risques. Malgré son jeune âge – seulement dix ans –, la Banque postale s’adapte à cette réalité. La création de l’École de la banque et du réseau en 2014 est venue renforcer l’acquisition des compétences bancaires, techniques, commerciales et managériales de nos collaborateurs. Cette structure soutient aussi le développement de nos nouvelles activités bancaires : crédit immobilier, crédit à la consommation, assurances, développement en gestion patrimoniale, financement et services aux entreprises… Qui dit nouvelle offre, dit nouveaux besoins de formation. Pour les 1 000 postes de responsables de clientèle professionnelle à pourvoir, nous privilégions ainsi la mobilité interne et donc la formation.

 

Décideurs. Comment la formation accompagne la stratégie de diversification du groupe ?

Y. A. Un exemple : nos clients sont de plus en plus seniors. C’est pourquoi la silver economy représente un axe de diversification très important de notre activité. Tout l’enjeu est de réussir à former les postiers à la relation client auprès des personnes âgées. D’une manière générale,  nous renforçons les compétences existantes de tous les postiers en nous appuyant sur trois dispositifs principaux : l’Université Services-Courrier-Colis, l’École de la banque et du réseau et l’Institut du Management dédié aux 20 000 managers du groupe. Toutes les opportunités de mobilité et de montée en compétence font l’objet d’une importante communication, notamment lors de la Semaine de l’évolution professionnelle. Les 200 métiers du groupe et les passerelles possibles entre chacun d’eux sont mis à l’honneur autour de forums, d’immersions, de conférences… La troisième édition a rassemblé 20 000 participants. Au-delà de la formation continue, La Poste s’engage aussi dans l’insertion des jeunes sur le marché du travail. La Poste dispose de trois CFA dédiés, Formaposte, en Île-de-France, en Méditerranée et en Aquitaine. Les programmes ne se limitent plus au CAP distribution mais vont jusqu’au master spécialisé dans le domaine bancaire ou en ressources humaines.

 

Décideurs. Dans quelle mesure les partenaires sociaux interviennent dans la politique de formation ?

Y. A. Ils sont associés à l’ensemble de notre politique RH, du projet à la négociation. On peut citer par exemple, la gouvernance paritaire de l’observatoire des métiers. Le dernier accord social majoritaire signé en février 2015 « Un avenir pour chaque postier » a posé des engagements précis en matière de formation : 100 heures de formation seront suivies par chaque postier d’ici à 2020 et huit postiers sur dix seront formés tous les ans, 100 % tous les deux ans.

 

« Les partenaires sociaux sont associés à l’ensemble de notre politique RH, du projet à la négociation»

 

Décideurs. Quelle est la place de la formation professionnelle dans votre plan stratégique « La Poste 2020 : conquérir l’avenir » ?

Y. A. Donner un avenir à chaque postier grâce à la formation est un axe stratégique de notre plan à l’horizon 2020. Le groupe investira 450 millions d’euros supplémentaires dans la formation jusqu’en 2020, qui serviront à l’évolution des compétences et à l’accompagnement des postiers occupant  des métiers en mutation. Cet effort contribue à la mise en place de dispositifs, comme les parcours qualifiants pour 50 000 collaborateurs ou la promotion des formations individuelles au titre du CPF ou des VAE. L’opération « Tous numériques » forme et sensibilise tous les postiers à l’intégration des pratiques digitales. Nous valorisons aussi l’intrapreneuriat. Grâce au concours « 20 projets pour 2020 », six actions innovantes sont déjà en cours de réalisation et nous sommes impatients que de nouvelles initiatives se concrétisent. La Poste, c’est la valorisation de l’employabilité sous toutes ses formes.

 

 

Propos recueillis par Vanessa Longo 

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