Pour accompagner ses clients historiques, Bernard Monassier, notaire honoraire, a créé BM Family Office. Le positionnement de son family office, sa vision du marché mais aussi les grandes orientations du débat politique à quelques mois de l’élection présidentielle, le fondateur du Groupe Monassier n’élude aucune question.

Décideurs. Après avoir fondé et développé un réseau de notaires, vous avez décidé de créer BM Family Office. Pour quelles raisons ?

Bernard Monassier. J’ai envisagé, à la demande de certains clients, de continuer une activité de conseil juridique, fiscal et économique. Dans ce cadre, j’ai créé une structure de family office. Or, je vois que cette activité correspond aux besoins d’autres personnes. Cela a pris une ampleur que je n’avais pas anticipée. Pour continuer à délivrer un conseil sur mesure, j’ai pour l’instant limité cette activité à quelques grandes familles.

 

Le mode de rémunération des family offices suscite de nombreuses interrogations. Un family office doit-il être nécessairement payé sous forme d’honoraires ou peut-il être rémunéré par des commissions versées par les promoteurs de produits financiers ou immobiliers dont il conseille les produits ?

Il est vrai que les Français ne sont pas habitués à fonctionner en honoraires et éprouvent des difficultés à accepter le coût que cela implique. Beaucoup de professionnels structurant leur family office n’accompagnent pas des clients d’une taille suffisante pour facturer leur conseil sous forme d’honoraires. Mais un family office dont le service serait payé autrement qu’en honoraires perd un peu de son indépendance. Le système est alors vicié. Si la structure gagne davantage en conseillant un produit plutôt qu’un autre, elle perd en libre arbitre. Pour cette raison, BM Family Office est uniquement rémunéré sous forme d’honoraires. En pratique, cela limite son accès à des familles dont le patrimoine est supérieur à 35 millions d’euros. Je ne suis pas structuré pour les patrimoines inférieurs à ce montant. Payer le service de conseil juridique et fiscal d’un family office leur reviendrait trop cher.

 

Pensez-vous rejoindre dans un avenir proche l’Association française du family office (AFFO) ?

Je n’ai pas décidé d’y adhérer. Non par ostracisme mais parce que je suis juridiquement en retraite depuis dix-huit mois. Lorsque j’ai créé BM Family Office, je pensais exercer une petite activité de conseil pour m’occuper. Je ne me posais pas ce genre de question. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires que l’on développe est significatif. Je pense que nous sommes l’un des seuls à atteindre un tel résultat sur le marché. Cela ne veut toutefois rien dire sur le long terme. Je réfléchis actuellement au développement de cette structure.

 

Vous êtes secrétaire général d’une fédération des métiers du droit et de la justice du parti Les Républicains. La prochaine élection présidentielle devrait donner lieu à des débats  très marqués. Quel regard portez-vous sur le projet porté par François Fillon ?

Les réformes proposées sont intéressantes. Toute la question est désormais de savoir si l’opinion publique est prête à les accepter. Les sondages montrent que les Français souhaitent de profondes réformes mais semblent marquer une certaine réticence à l’évocation des différentes mesures. Tout peut encore basculer. L’identité du candidat qui émergera à gauche est encore en suspens. Les choses peuvent aller très vite. J’en veux pour preuve la manière dont on positionne François Fillon sur l’échiquier politique. Je rappellerai que celui-ci a longtemps été catalogué comme un homme du centre gauche, proche de Philippe Séguin.

 

Le débat portant sur la suppression de l’ISF divise. Doit-il être érigé en priorité par le prochain gouvernement alors que les marges de manœuvres budgétaires demeurent limitées ?

Il est à mon sens essentiel de repositionner l’impôt sur le capital (ISF, droit des successions, plus-value, droit de partage). Il faut une vraie analyse et une comparaison de nos pratiques avec celles de nos voisins européens. En France, l’impôt sur le capital représente 3,5 % du PIB alors qu’il est inférieur à 2 % en Allemagne. C’est l’une des raisons qui peut expliquer les délocalisations. Si l’ISF n’est pas supprimé, il faudra s’attendre à une nouvelle vague de délocalisations, plus grande encore que celle que nous avons connue. Le système de calcul des plus-values immobilières est aussi à revoir. Il conduit les propriétaires à repousser la vente de leurs biens. Or lorsque les ventes ne se concrétisent pas, l’État n’encaisse aucune plus-value. Je plaide également pour une étude d’impact afin d’évaluer les conséquences des mesures politiques, comme cela se pratique aux États-Unis et en Allemagne. 

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

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