Le président de l'Union nationale de la propriété immobilière se montre très critique à l’égard du dispositif Pinel. Il nous explique les raisons de cette hostilité envers les dispositifs d’aide à la pierre.

Décideurs. L’annonce de la prolongation du dispositif Pinel par François Hollande est-elle une bonne nouvelle pour les investisseurs immobiliers ?

Jean Perrin. Pas particulièrement. Si le président de la République veut relancer l’investissement, il doit d’abord penser à abroger la loi Alur. Comme me l’avait confié l’ancienne ministre du Logement Sylvia Pinel, le dispositif qui porte son nom est d’abord un avantage donné aux locataires. Tant et si bien qu’à ce jour, cette réduction d’impôt attire principalement les accros de la défiscalisation. En contrepartie de cet avantage, ces derniers doivent avoir conscience qu’ils percevront des loyers inférieurs de 20 % au prix du marché.

 

Décideurs. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ont le projet d’investir par l’intermédiaire de ce dispositif ?

J. P. Je leur dirais de ne pas acheter n’importe où et de bien vérifier que la demande sur le marché locatif est réelle. Il faut également faire très attention au prix d’achat car celui-ci est souvent surévalué par le promoteur en raison de l’annonce de l’avantage fiscal. Je mets aussi en garde l’acquéreur quant aux prix des loyers pratiqués : l’application de plafonds de loyers pouvant très fortement pénaliser la rentabilité de l’investissement. Pour toutes ces raisons, je préfère largement réaliser l’acquisition ou la rénovation d’un logement ancien. Les conditions liées aux revenus des locataires et des niveaux de loyers me semblent inacceptables. Pour un investisseur, la première règle est d’investir sur un marché naturellement porteur et non sur un marché dont l’équilibre entre l’offre et la demande est faussé. Cet habillage offert par le gouvernement est la preuve que le régime n’est pas attractif. L’État ne fait jamais de cadeau gratuitement et surtout pas aux investisseurs.

 

Décideurs. Quelles mesures pour redonner confiance aux investisseurs ?

J. P. Je suis résolument opposé aux aides à la pierre. Elles amènent à construire des biens là où il n’y a pas de besoin. On voit ainsi des appartements restant vides et des contribuables qui se font redresser car ils ne trouvent pas de locataire. Il faut donc laisser faire le marché et nous verrons que la régularisation se fera très bien toute seule. Les promoteurs ne construiront plus là où il n’y a pas d’acquéreurs potentiels et les acheteurs ne mettront pas la main sur un bien là où il n’y aura pas de candidats locataires. Les carottes fiscales sont aujourd’hui de véritables pièges. Nous voyons beaucoup d’investisseurs déçus par ce régime, revendant le bien pour un montant très souvent inférieur au prix d’acquisition. À peine 50 000 nouveaux biens sont sortis de terre l’année passée sous l’égide du dispositif Pinel. Plus généralement, l’objectif de François Hollande au début de son quinquennat était de construire 500 000 nouveaux logements par an. Il est pour l’heure très loin du compte, puisque l’année dernière ce sont seulement 250 000 nouveaux logements qui ont été construits. Et encore, pour parvenir à ce chiffre, ils ont dû prendre en compte les permis de construire délivrés pour les piscines et les vérandas !

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

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