Bankin, l’application mobile qui aide à gérer son argent au quotidien, a levé 8,4 millions d’euros en ce début d’année 2017. Une marque de confiance que lui accordent les investisseurs, et qui permettra à la jeune pousse de continuer à bouleverser le monde de la finance. Rencontre avec l’un des deux fondateurs, Joan Burkovic.

Décideurs. Quelles sont les activités de Bankin’ ?

Joan Burkovic. Bankin’ est une application mobile gratuite et sécurisée qui simplifie la gestion d’argent. Avec l’application, vous vous connectez à tous vos comptes bancaires en deux clics et vous avez une visibilité sur vos finances que vous n’aviez pas avant. Nous avons une double casquette, celle d’agrégateur de comptes, mais surtout celle de « coach financier » qui accompagne l’utilisateur dans la gestion de son argent grâce aux technologies. L’application catégorise automatiquement les dépenses de l’utilisateur et lui permet aussi de suivre son épargne. À l’approche d’une situation à risque, comme un découvert, il est immédiatement alerté. L’application offre un accompagnement sur mesure en fonction des situations financières personnelles et conseille l’utilisateur dans ses pratiques de bonne gestion. Elle pourra également bientôt vous conseiller de renégocier votre crédit immobilier. Bankin’ mettra en relation l’utilisateur avec un courtier ou tout autre établissement financier qui répondra au mieux à ses besoins.

 

Les établissements ont l’obligation d’ouvrir l’accès aux comptes bancaires aux nouveaux acteurs que sont les FinTechs pour garantir la concurrence. Bankin’ est-il réellement un concurrent des banques ou plutôt un partenaire ?

Bankin’ n’est pas une banque. La concurrence n’est donc pas un sujet ici. Elle est une interface qui aide l’utilisateur à mieux gérer son argent qui restera toujours la propriété des banques. Nous représentons au contraire un partenaire de choix pour les banques en tant qu’apporteur d’affaires lorsque nous orientons les utilisateurs vers leurs offres.

 

Les mises en relation que propose Bankin’ sont-elles réservées à certains partenaires ?

Nous souhaitons être indépendant des banques pour éviter tout conflit d’intérêts et être libre de choisir les partenaires avec lesquels nous travaillons. Une grille de critères très sélectifs existe en interne pour les choisir. Nous prenons en compte la maturité technologique, la qualité des produits et surtout un partage de la vision de Bankin’ : les besoins de l’utilisateur avant tout.

 

Où en est le marché aujourd’hui en France ?

Excepté le suédois Tink, il n’y a pas vraiment d’acteurs positionnés sur le même segment que nous. Certains fournissent des technologies aux établissements bancaires pour les aider à mieux servir leurs clients. Par ricochet, si les banques deviennent plus efficaces dans leurs relations avec le client, nous perdons de la valeur. Mais elles ne peuvent offrir un service de coaching équivalent au nôtre, comme la redirection de leur client vers les meilleures offres qui ne se trouvent pas forcément chez elles.

« L’objectif à horizon 2020 est d’atteindre dix millions d’utilisateurs partout en Europe »

 

Quel est le business model de Bankin’ ?

95 % des fonctionnalités de l’application sont gratuites. Pour avoir accès à son compte bancaire professionnel il faudra en revanche payer un abonnement mensuel. Nous touchons également un pourcentage chaque fois qu’une affaire se conclue entre l’utilisateur et l’acteur financier vers lequel il est dirigé. Nous avons donc réussi à développer une relation triangulaire dans laquelle chacun y trouve son compte. Nous avons également un autre département dans l’entreprise qui donne accès à certaines de nos briques technologiques à des entreprises du monde de la finance.

 

Vous venez de lever 8,4 millions d’euros. Quels sont les chantiers à venir ?

Ce nouveau tour de table va nous permettre d’investir dans l’innovation et la R&D afin de mieux comprendre les besoins de l’utilisateur et y répondre efficacement. Pour cela, nous planifions d’embaucher une vingtaine de personnes, doublant presque nos effectifs. L’objectif à horizon 2020 est d’atteindre dix millions d’utilisateurs partout en Europe, contre 1,5 million aujourd’hui en France, Allemagne, Espagne et Angleterre.

 

Quel va être l’impact sur votre développement de la nouvelle directive européenne sur les services de paiement ?

Elle représente un changement majeur. Pour la première fois, une plate-forme comme la nôtre est en capacité d’être un donneur d’ordre à une banque pour le compte du client. L’utilisateur est propriétaire de ses données bancaires et peut donc choisir de les confier à qui il le souhaite. C’est un bouleversement. C’est aujourd’hui le cas pour les ordres de virement. Un bouleversement que nous avons anticipé. Dès le mois prochain, Bankin’ offrira une nouvelle fonctionnalité : l’utilisateur aura la possibilité d’effectuer un ordre de virement auprès de sa banque depuis notre application. Une petite révolution.

 

Propos recueillis par Marion Robert

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