Depuis janvier 2015, les autorités se livrent à une chasse aux sorcières sans précédent. Disparitions de banquiers, emprisonnements de cadres et suicides de hauts dirigeants sont devenus monnaie courante. Avec les nouvelles pertes enregistrées en janvier sur les marchés boursiers, le gouvernement chinois accentue la pression. Même les patrons des groupes cotés sont désormais concernés.

Imaginez un instant que les autorités américaines aient fait prisonniers ou fait disparaître Brian Moynihan, P-DG de Bank of America, ou encore Lloyd Blankfein, président de Goldman Sachs, pour leurs implications dans la crise financière de 2007. Impensable ? En Chine, si. Après s’être lancé dans une lutte acharnée contre la corruption, le gouvernement chinois a décidé de mettre la pression sur les marchés financiers. Depuis janvier 2015, ces derniers ont connus de nombreux krashs qui ont fortement pénalisé l’économie chinoise. Entre juin et août 2015, cinq trillions de dollars se sont ainsi volatilisés. Et entre décembre et janvier 2006, le décompte s’élève à deux milliards de dollars.  

 

40 arrestations, 4 suicides

 

Si la volonté des autorités chinoises est louable, les moyens utilisés sont beaucoup plus inquiétants. Les cas de disparitions, d’emprisonnement arbitraire ou de suicides ne cessent de se multiplier parmi les banquiers et les dirigeants de fonds d’investissement. Au total, en 2015, une quarantaine de cas ont été reportés, dont au moins quatre suicides. Le dernier en date est celui de Yang Zezhu, le 27 janvier. Cet ancien president de Changjiang Securities était sous le coup d’une enquête du parti communiste pour corruption. Le 6 janvier, il avait été interrogé dans un lieu tenu secret par la Commission centrale pour l’inspection de la discipline. En octobre dernier, Chen Hongqiao, président de Guosen Securities, cinquième plus grand broker de Chine, s’était pendu dans sa maison.

 

Autre affaire qui, malgré la censure, fait grand bruit en Chine, l’arrestation en septembre 2015 de neuf cadre dirigeants de Citic Securities, le plus grand broker de Chine, dont Cheng Boming, son président. Les faits reprochés : trading illégal. Parfois, les autorités ne prennent pas la peine d’indiquer les causes de l’arrestation. C’est par exemple le cas de Zhao Dajian, président de Minzu Securities porté disparu depuis le 22 septembre après avoir été arrêté par la police. Ce manque de transparence laisse planer un très fort doute sur les réelles motivations de ces arrestations et disparitions.

 

Vincent Paes

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