Les pics de pollution historiques de cet hiver ont accéléré la prise de conscience sociétale des enjeux de la qualité de l’air. Plus flexibles que les industriels, les start-up fourmillent de solutions pour les particuliers mais aussi à destination des collectivités et entreprises.

« Si les scientifiques possèdent de longue date l’expertise pour analyser la pollution, ce sont bien les start-up qui font avancer la problématique. Elles inventent des services qui cherchent à lier bien-être et performance tout en se préoccupant du design, décisif pour se mettre à la portée des utilisateurs », explique Sébastien Vray de l'association nationale Respire. Celle-ci a pour objectif de « prévenir les atteintes sanitaires de la pollution atmosphérique et d’améliorer la qualité de l’air ». Ses membres agissent sur le terrain de l’éducation à l’environnement et ont pour ambition de faire avancer juridiquement la cause d’un air plus respirable. Ils observent également les solutions émergentes allant en ce sens, notamment celles émanant des start-up. Et depuis quelques années, elles sont de plus en plus nombreuses. Parmi les plus médiatiques, on relève l’application Plume Labs qui se présente comme un service de météo urbaine et qui informe sur la qualité de l’air, trace le niveau de pollution et émet des recommandations personnalisées pour les trajets des utilisateurs. Mais aussi Liv de la start-up Air Serenity, un purificateur proposant de traiter l’air intérieur en éliminant les polluants. Et la liste est longue. Y a-t-il un risque de télescopage ? « Peut-être mais est-ce réellement un problème ?, répond Sébastien Vray. En trois ans, la problématique est devenue un sujet majeur, toute la société s’en saisit. On ne peut voir que positivement l’appétence des start-up autour d’un sujet de santé publique, poursuit-il. Se déplacer, trier, se chauffer… Toutes les activités humaines influencent à un moment ou à un autre la qualité de l’air dans la ville, du coup, le champ des innovations pour faire progresser cette cause est extrêmement large. »

 

Du souci de l’environnement au court-voiturage®
Certaines start-up s’emparent d’ailleurs du sujet avec un angle d’attaque très spécifique. Parmi elles, Glowee, un système de bio-éclairage, sans consommation d’électricité ni émission de pollution lumineuse, qui propose de remplacer les lampadaires urbains, souvent obsolètes et très polluants. L’association Respire s’est aussi rapprochée de Karos, une start-up ayant particulièrement le vent en poupe car faisant partie des cinq entreprises innovantes européennes sélectionnées par l’incubateur de Facebook qui s’installera au sein de la station F à l’été 2017. « Blablacar a mis en place le covoiturage, Karos a inventé le "court-voiturage" pour les trajets quotidiens et les petites distances », résume Olivier Binet, son cofondateur. Karos propose à ses utilisateurs de covoiturer en toute flexibilité et promet de désengorger le trafic routier et de réduire significativement la pollution locale dans les grandes agglomérations. Basée sur les technologies du big data et de l’apprentissage statistique, l’application fonctionne comme un agent intelligent. Les conducteurs n’annoncent pas leurs trajets et les passagers ne cherchent pas de conducteurs. Ils sont mis en relation automatiquement, de manière personnalisée, sur chacun de leurs prochains déplacements. Karos compte déjà 50 000 utilisateurs et l’offre dédiée aux grands comptes suscite l’intérêt. Unibail, Accor, Total et Roche comptent parmi les clients de Karos et montrent ainsi quotidiennement leur implication dans la réduction de l’empreinte carbone. Le gain de temps pour les salariés s’élève par ailleurs en moyenne à vingt minutes par jour grâce à l’application. Pour les collectivités, Karos se présente également comme un moyen ingénieux de créer de la mobilité durable, voire de restaurer du lien social en territoire périurbain et rural. L’intermodalité visée par Karos, en couplant le court-voiturage à d’autres modes de transport, intéresse également les services publics. La start-up a déjà intégré les lignes du réseau du Stif dans son application pour atteindre cet objectif. L’Île-de-France est d’ailleurs un terrain d’expérimentation de l’application et, avec Respire, Olivier Binet veut aller plus loin pour comprendre les attentes des collectivités, voire les devancer. La start-up et l’association étudient aujourd’hui les résultats d’un questionnaire qui a été adressé aux élus franciliens en début d’année produit à cet effet . 

Laetitia Sellam

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