Mardi 8 mars, le sénateur apparenté PS Hervé Poher a rejoint les écologistes, assurant la survie du groupe menacé de disparaître depuis le départ de Jean-Vincent Placé.

« J’ai la tête socialiste et le cœur écolo », s’est justifié Hervé Poher devant le groupe PS au Sénat mardi 8 mars. En rejoignant les rangs des Verts, l’élu du Pas-de-Calais leur permet de continuer à exister. Avec le départ de Jean-Vincent Placé pour le gouvernement, les écologistes se retrouvaient à neuf, le règlement intérieur de la Haute chambre exige dix membres pour former un groupe.

 

« Un rattachement administratif »

 

« Il s’agit d’un rattachement administratif pour leur permettre d’exister », explique Hervé Poher à l’AFP. Une précision qui a son importance. Car des trois degrés d’affiliations prévues par le règlement intérieur au Sénat, l’homme a choisi la moins stricte, « n’impliquant qu’un simple accord de tendance, visant surtout à procurer au sénateur rattaché des facilités de travail ». Si Hervé Poher n’est donc pas tenu de suivre les décisions du groupe, il devrait s’y soumettre sans difficulté. Engagé pour la cause écologiste depuis plusieurs années, l’élu a notamment présidé un syndicat mixte chargé de gérer les espaces naturels sensibles du département et les réserves nationales, avant d’être nommé président du Parc naturel des caps et marais d’Opale. Il a plus récemment participé à la commission du développement durable, et s’est fait l’orateur du groupe PS pour le texte sur la biodiversité. Une décision naturelle donc. « Ce n’est pas une tractation politique, c’est une démarche d’Hervé Poher », a d’ailleurs précisé la sénatrice écologiste Marie-Christine Blandin. 

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Un transfert salutaire

 

Pour les écologistes, le transfert est salutaire car la présence d’un groupe au Sénat est stratégique. Outre l’attribution d’une subvention annuelle, les groupes jouent un rôle clé dans la procédure législative. Ils interviennent notamment dans la fixation de l’ordre du jour et prennent position par la présentation d’amendements. La disparition du groupe écologiste au Sénat aurait enfoncé encore un peu plus la famille politique déjà bien mal en point. « Le parti est un grand corps malade qu’on va peut-être être obligé à mettre en soins palliatifs, avait lancé le député Noël Mamère sur BFMTV. EELV est mort, vive EELV ». Même constat du côté du nouveau secrétaire national du parti, David Cormand, qui souhaite néanmoins « l’affirmation de l’écologie, la refondation d’EELV et l’ouverture ».  La sénatrice Esther Benbassa, s’est montré elle, particulièrement inquiète dans une tribune publiée le mois dernier dans le Huffington Post. L’élue avait évoqué la « mort virtuelle » du groupe écologiste au Sénat. Elle accusait alors François Hollande de « tactique de déstabilisation du parti écologiste dans l’espoir d’empêcher Cécile Duflot de se présenter à la présidentielle ». Touchés, mais pas coulés, les dix sénateurs écologistes ont toujours de quoi faire entendre leur voix.  

 

 

Capucine Coquand 

 

 

        Une démarche peu courante, mais pas inédite

 

Hervé Poher n’est pas le premier a avoir la bougeotte au palais du Luxembourg. En 2012, Robert Hue avait quitté le groupe communiste, républicain et citoyen (CRC) pour rejoindre les rangs du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). Pas question de sauvetage ici, mais plutôt de conviction. L’ancien numéro un du PCF, qui avait soutenu le projet présidentiel de François Hollande, s’était trouvé en désaccord avec une position dominante hostile au Président. « J’ai refusé de m’inscrire dans une stratégie de division opposant une gauche à une autre », avait-il alors déclaré dans un courrier à la présidence du CRC. L’élu avait été rejoint au sein du RDSE par d’autres sénateurs de gauche, comme le socialiste Philippe Esnol, qui s’était, lui, déclaré en « désaccord profond » avec la direction du... PS.

Des transferts non exclusifs à la gauche. En 2012, la sénatrice Chantal Jouanno, avait quitté l'UMP pour rejoindre l’UDI, le jour même de sa création. Une décision qui avait notamment provoqué l’ire des chefs de file de l’UMP à Paris, considérant que l’élue avait rompu les engagements pris envers les militants et les électeurs. L’ex-ministre des Sports est aujourd’hui conseillère régionale d’Île-de-France après avoir fait campagne sur la liste... LR présentée par Valérie Pécresse.

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